Podobne
 
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d'individus isolés, non seulement parmi les êtres primitifs, mais chez tous ceux qui
par un côté quelconque de leur esprit, - les sectateurs d'une foi religieuse intense par
exemple, - se rapprochent des primitifs. Je l'ai observé à un degré curieux chez des
Hindous lettrés, élevés dans nos universités européennes, et ayant obtenu tous les
diplômes. Sur leur fonds immuable d'idées religieuses ou sociales héréditaires s'était
superposé, sans nullement les altérer, un fonds d'idées occidentales sans parenté avec
les premières. Suivant les hasards du moment, les unes ou les autres apparaissaient
avec leur cortège spécial d'actes ou de discours, et le même individu présentait ainsi
les contradictions les plus flagrantes. Contradictions, d'ailleurs, plus apparentes que
réelles, car les idées héréditaires seules sont assez puissantes chez l'individu isolé
pour devenir des mobiles de conduite. C'est seulement lorsque, par des croisements,
l'homme se trouve entre les impulsions d'hérédités différentes, que les actes peuvent
être réellement d'un moment à l'autre tout à fait contradictoires. Il serait inutile
d'insister ici sur ces phénomènes, bien que leur importance psychologique soit
capitale. Je considère qu'il faut au moins dix ans de voyages et d'observations pour
arriver à les comprendre.
Les idées n'étant accessibles aux foules qu'après avoir revêtu une forme très
simple, doivent, pour devenir populaires, subir souvent les plus complètes transfor-
mations. C'est surtout quand il s'agit d'idées philosophiques ou scientifiques un peu
élevées, qu'on peut constater la profondeur des modifications qui leur sont nécessaires
pour descendre de couche en couche jusqu'au niveau des foules. Ces modifications
dépendent des catégories des foules ou de la race à laquelle ces foules appartiennent ;
mais elles sont toujours amoindrissantes et simplifiantes. Et c'est pourquoi, au point
de, vue social, il n'y a guère, en réalité, de hiérarchie des idées, c'est-à-dire d'idées
plus ou moins élevées. Par le fait seul qu'une idée arrive aux foules et peut agir, si
grande ou si vraie qu'elle ait été à son origine, elle est dépouillée de presque tout ce
qui faisait son élévation et sa grandeur.
D'ailleurs, au point de vue social, la valeur hiérarchique d'une idée est sans impor-
tance. Ce qu'il faut considérer, ce sont les effets qu'elle produit. Les idées chrétiennes
du moyen âge, les idées démocratiques du siècle dernier, les idées sociales
d'aujourd'hui, ne sont pas certes très élevées. On ne peut philosophiquement les consi-
dérer que comme d'assez pauvres erreurs ; et cependant leur rôle a été et sera
immense, et elles compteront longtemps parmi les plus essentiels facteurs de la
conduite des États.
Alors même que l'idée a subi les transformations qui la rendent accessible aux
foules, elle n'agit que lorsque, par des procédés divers qui seront étudiés ailleurs, elle
a pénétré dans l'inconscient et est devenue un sentiment, ce qui est toujours fort long.
Gustave Le Bon, Psychologie des foules (1895). Édition publiée par Félix Alcan, 1905. 41
Il ne faut pas croire, en effet, que c'est simplement parce que la justesse d'une idée
est démontrée qu'elle peut produire ses effets, même chez les esprits cultivés. On s'en
rend vite compte en voyant combien la démonstration la plus claire a peu d'influence
sur la majorité des hommes. L'évidence, si elle est éclatante, pourra être reconnue par
un auditeur instruit ; mais ce nouveau converti sera vite ramené par son inconscient à
ses conceptions primitives. Revoyez-le au bout de quelques jours, et il vous servira de
nouveau ses anciens arguments, exactement dans les mêmes termes. Il est, en effet,
sous l'influence d'idées antérieures devenues des sentiments ; et ce sont celles-là
seules qui agissent sur les mobiles profonds de nos actes et de nos discours. Il ne
saurait en être autrement pour les foules.
Mais lorsque, par des procédés divers, une idée a fini par pénétrer dans l'âme des
foules, elle possède une puissance irrésistible et déroule toute une série d'effets qu'il
faut subir. Les idées philosophiques qui aboutirent à la Révolution française mirent
près d'un siècle à s'implanter dans l'âme des foules. On sait leur irrésistible force
quand elles y furent établies. L'élan d'un peuple entier vers la conquête de l'égalité [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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